À la voix chaude comme l’asphalte et profonde comme les arbres qui tombent, Tom Chicoine trace son chemin en sondant le country et ses affluents depuis le tournant de la décennie. Originaire des rangs de la Montérégie, il s’inspire des Townes Van Zandt, Waylon Jennings, Colter Wall, John Prine et Emmylou Harris pour affubler sa musique d’éléments folk, americana et psych avec une sensibilité québécoise, passant du bois qu’on bûche aux rivières qui nous entourent et aux bars où on se ramasse.
Il voit le country comme un ouvroir pour la poésie, sa cadence steady pouvant porter les mots plus loin que leur sens initial, déployant davantage d’images, d’arcs et d’introspection : un chemin où il peut prendre exemple sur les figures inspirantes du genre, puisant dans sa riche histoire pour raffiner son écriture et son jeu de guitare tout à la fois – et pour raconter ses alentours à sa façon.
D’abord un habitué des concours (dont le Festival de Petite-Vallée où il reçoit en 2019 le prix de la Tournée Découverte ainsi que le Prix de la relève Maison Félix-Leclerc), il se met à offrir des spectacles au Québec, en Belgique et aux États-Unis et, en 2020, se joint à la tournée Feu de camp, une initiative d’Andréanne A. Mallette qui lui permet de sillonner les routes de l’est du Canada et d’offrir des prestations acoustiques en solo. C’est lors de la résidence de création découlant du susmentionné prix de la relève Maison Félix-Leclerc qu’il rencontre Éric Goulet, un nouvel allié : ce dernier réalise son EP Les vapeurs qui nous font avancer, qui le révèle à un plus grand public et mène à un contrat avec la prestigieuse bannière Audiogram. Corollairement, le projet indie pop Vendôme, qu’il pilote avec Cédrik St-Onge, Marc-Antoine Beaudoin et Bruno St-Laurent, y est aussi signé.
Au printemps 2023 paraît Moteur super sport, une autre réalisation d’Eric Goulet : l’album est salué par la critique, nommé au Gala de l’ADISQ et au GAMIQ dans les catégories country et lui permet de faire pas mal de route, passant des Francos au Festival de la chanson de Tadoussac et du Festival western de Saint-Tite à Lasso Montréal.
Et la suite ne tarde pas : à l’automne 2025 sort Divertir, qui est né d’un désir de saisir les braises du précédent. Tout en se permettant certains détours, cette nouvelle collection réalisée par Warren Spicer explore des mélodies plus canoniques dans le bel objectif d’évoquer des classiques récents du country-rock tels Sheryl Crow et Shania Twain, avec la voix grave et enveloppante de Chicoine à l’avant-plan. Enregistré en six jours au Bathouse Recording Studio (appartenant à l’emblématique groupe rock canadien The Tragically Hip), Divertir, de par sa période de création condensée, dévoile des textes naturels et cinématographiques, explorant le sentiment de ne pas être à la hauteur et la solitude face au regard des autres autant que la confiance et l’acceptation de soi. La plume de Tom Chicoine s’y trouve étayée, les pièces étoffées : comme quoi le chemin va continuer de se tracer.